Depuis longtemps, je me méfie de la symbolique que peut représenter le sport et notamment le football. De la France Black-Blanc-Beur de 1998 aux sifflets du match France-Algérie de 2001, chaque fois on a essayé de faire dire au football quelque chose qui souvent le dépasse.
Le match de ce soir n’échappera pas à la règle.
L’antisémitisme, la haine des Juifs et d’Israël ne s’arrêteront pas à l’occasion d’un événement sportif qui se déroulera en présence du chef de l’Etat, de deux anciens Présidents de la République, du Premier ministre et de nombreux de ses prédécesseurs, de ministres et de responsables politiques, dans une enceinte hyper protégée.
Chacun doit prendre conscience du point où nous en sommes. Pour assurer la bonne tenue d’un match de football entre la France et Israël, il faut 4000 policiers… cela en dit long sur l’état de notre pays.
C’est le résultat d’un déferlement de haine sur nos sociétés, d’un tsunami antisémite inégalé. Aujourd’hui mes compatriotes français juifs vivent avec la peur au ventre. Beaucoup ne sortent plus avec leur kippa ou enlèvent la mezouzah sur leur porte. C’est proprement insupportable.
Mais après les terribles événements d’Amsterdam, à l’occasion du match Ajax-Maccabi Tel Aviv, et alors que le ministre de l’Intérieur vient encore de rappeler les chiffres des actes antisémites dans notre pays (nos compatriotes juifs représentent moins de 1% de la population française et pourtant, ils sont victimes pour 57% de toutes les agressions racistes et attaques contre les religions), je salue évidemment la réaction des autorités notre pays. Il fallait marquer le coup. Ce soir, comme l’a souligné Yonathan Arfi, le président du CRIF, c’est un anti Amsterdam. Y être, c’est un acte civique, pour ne pas courber l’échine face à la violence et à la peur.
Mais un point ne fait pas une ligne.
Il y a un an, presque jour pour jour, le 12 novembre 2023, j’étais présent à la manifestation pour la République et contre l’antisémitisme à l’initiative de Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. Je ne pouvais pas ne pas être présent ce soir. C’est la même cohérence, la même logique, le même combat.
Cependant, je n’oublie pas l’absence d’Emmanuel Macron il y a un an lors de cette manifestation, les raisons invoquées pour la justifier et ses nombreuses déclarations contradictoires et erratiques sur Israël et les guerres du Proche-Orient. Sa présence ce soir devrait se traduire par un changement d’attitude et de position. Sinon ce ne sera qu’une posture de plus …
La haine des Juifs se confond avec celle d’Israël. La haine des Juifs c’est aussi la haine de la France, de la République, de la laïcité et de notre école.
Ne pas le comprendre, c’est ne pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans nos sociétés, depuis les attaques du Hamas du 7 octobre 2023. C’est ne pas comprendre ce qui se dit, ce qui se déroule, lors du procès en cours des responsables de l’assassinat de Samuel Paty.
Il y a neuf ans, presque jour pour jour, le 13 novembre 2015, le Stade de France, à l’occasion du match France-Allemagne, était la cible de la première attaque terroriste, qui allait ensuite déferler sur les terrasses de Paris et au Bataclan en ce jour funeste.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’antisémitisme, la haine des Juifs et d’Israël sont la matrice de l’idéologie islamiste qui nous combat depuis des années et à laquelle Israël est également confronté en première ligne. Cette haine des Juifs et d’Israël se confond avec celle de l’Occident et de nos valeurs démocratiques. Ne pas le comprendre, c’est ne pas comprendre ce qui se passe au Proche-Orient et en Europe.
Pour combattre la haine des Juifs et d’Israël et l’antisionisme qui est « la forme éduquée et moderne de l’antisémitisme », il faut avoir les idées claires. Et savoir donc qui nous combattons : d’abord l’islamisme, l’idéologie des Frères musulmans. Mais aussi leurs complices et leurs « idiots utiles » qui depuis un an ont alimenté les actes et la violence contre les Juifs, dans la rue ou sur les campus universitaires. J.L. Mélenchon et LFI, l’extrême gauche, le wokisme, qui n’ont eu de cesse d’alimenter le discours de haine à l’égard des Juifs et d’Israël.
Ce soir, j’irai au Stade de France, lucide et conscient du combat qui nous attend. Il sera long et difficile. Il nécessite beaucoup de détermination. Du courage, loin des atermoiements et des lâchetés de notre diplomatie.
Ce soir, je serai au Stade de France, pour soutenir les Bleus, mon équipe, l’équipe de France, mais aussi le bleu et le blanc d’Israël, ces couleurs associées au sionisme, ce mouvement qui a permis la création de l’Etat d’Israël.
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